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Psychologie de la greffe:

Quelles sont les répercussions psychologiques de la greffe sur le patient et son conjoint ? Comment se déroule le suivi avant et après la transplantation ?… Pour en savoir plus sur ces opérations hautement symboliques, nous avons interrogé Christine Boisriveaud, psychologue clinicienne au centre de transplantation rénale de l'hôpital Edouard Herriot à Lyon.

Doctissimo : Tous les patients en attente de greffe bénéficient-ils d'une consultation avec un psychologue ?

Christine Boisriveaud : En théorie oui, tous les patients devraient bénéficier d'un entretien systématique lors du bilan de prétransplantation. Mais dans la pratique, tous les services de transplantations ne dispose pas d'un psychologue attitré. Ainsi, certains patients bénéficient encore d'une greffe sans aucun soutien ni suivi psychologique.

Doctissimo : Comment se déroule cette séance ?

Greffe qualité de vieChristine Boisriveaud : Durant cette première approche, je m'efforce d'aborder ce que représente la greffe pour le patient, en lui rappelant les dispositions légales et éthiques qui encadre le don d'organe : le greffon dont il va bénéficier ne vient pas de n'importe où, etc. Il est important de dresser un rapide panorama des règles de prélèvements et d'attribution avant d'aborder les angoisses personnelles et l'éventuel changement de l'image corporelle liée à la transplantation. Concernant un éventuel suivi, la décision est laissée à l'appréciation du patient. Personnellement, je leur laisse mon numéro de téléphone en les invitant à me rappeler s'ils en ressentent le besoin.

Doctissimo : Quelles sont les principales angoisses des patients en attente de greffe ?

Christine Boisriveaud : Les principales peurs sont liées à l'attente d'une part ("Je suis inscrit mais vont-ils m'appeler ?",  "Combien de temps avant d'être greffé?") et de la peur de l'échec car certaines greffes peuvent ne pas être couronnées de succès.

Après la greffe, d'autres sentiments peuvent éventuellement apparaître. Après la survenue de la mort d'un donneur et donc l'obtention d'un greffon, certains patients peuvent ressentir un sentiment de culpabilité. Enfin, d'autres tardent à s'approprier cet organe qu'ils considèrent comme étranger.

Attention à ne pas généraliser ! La plupart des patients ne ressentent pas ce genre de troubles et s'approprient rapidement et légitimement ce nouvel organe.

Doctissimo : Comment pouvez-vous aider les personnes angoissées ?

Christine Boisriveaud : Il s'agit-là d'un travail classique de psychologue face à l'angoisse. Pour un patient en état de souffrance et demandeur de soins, l'entretien psychothérapeutique permet de formuler des craintes parfois cachées. A aucun moment, il ne s'agit de s'arroger le rôle de juge, le psy doit privilégier l'écoute et renvoyer au patient certains de ses propos afin d'affronter plus sereinement ses angoisses. Dans ce cadre, l'analyse permet à chacun de progresser.

Doctissimo : Recevez-vous les patients avec leur famille ?

Christine Boisriveaud : Si la personne en attente de greffe se présente avec son conjoint, il peut assister à la consultation, à la condition expresse que lui-même le souhaite. Ainsi, dans le cadre d'un accompagnement à long terme, il m'est arrivé de suivre des couples ou des patients avec leurs enfants en fonction des problèmes rencontrés.

Tout doit se faire en accord avec la personne suivie. Il ne faut en aucun cas briser le lien de confiance qui existe entre psychologue et patient. Par exemple, suite à la demande d'un conjoint demandant à me rencontrer, j'ai précisé que cette entrevue ne se ferait qu'avec l'accord de la personne suivie. De la même manière, je peux aller voir un patient greffé si sa famille m'alerte sur son moral, mais si le patient me répond que tout va bien et qu'il ne faut pas s'inquiéter, je ne fais pas de "forcing". Dans ce type de prise en charge, le patient est acteur à part entière. S'il n'est pas demandeur, la thérapie court à l'échec.

Doctissimo : Après la greffe, quelles sont les répercussions psychologiques de la transplantation ?

Christine Boisriveaud : La transplantation est un traumatisme qui peut parfois altérer l'image corporelle du patient. Le greffé pourra plus ou moins rapidement accepter cet organe. Certains iront même jusqu'à lui parler pour mieux se l'approprier. Il y a également l'angoisse du rejet qui peut être une angoisse de mort en fonction de l'organe greffé. Mais tous ces sentiments ne sont pas automatiques, bien heureusement ! Il résulte de l'histoire personnelle de chacun.

Paradoxalement, d'autres problèmes directement liés au succès de la greffe peuvent apparaître. Après la transplantation, le patient perd son statut de malade au sein de la famille qui ne reconnaît plus cet ancien malade. Par exemple, alors qu'il était en dialyse, le patient avait besoin de l'aide du conjoint pour actionner le mécanisme, etc. Cette relation de malade/soignant bouleverse parfois les relations naturelles entre conjoints. Le retour à une vie normale peut ainsi briser un équilibre basé sur une certaine dépendance. Lorsque le greffé avait conservé une activité professionnelle, les conséquences sont moins sensibles.

Mais tous ces thèmes doivent être abordés avant l'intervention pour être surmontés le plus efficacement possibles.

 

David Bême

 

Sources: http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/greffes_transplantation/articles/sa_7829_greffe_transplantation_psychologie_itw.htm



14/04/2016
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